Aambdou Salam Dossar est un jeune poète, originaire de Mutsamudu où je l’ai connu pour la première fois au début des années 90. Après avoir effectués ses études secondaires sur l’île comorienne d’Anjouan, notre poète est partie vivre à Bordeaux où il s’est marié avec une française, et travail dans l’administration française. Notre dernière rencontre remonte à 2010 à Paris, dix ans après. C’est que malgré sa jeunesse, il a appartenu à cette génération des années 90. Son premier recueil ‘’Nostalgia’’ qui date de ces années là, fut l’un des premiers rares recueils publiés aux Comores, il me semble à ses propres frais, puisqu’à l’époque il n’existait pas encore de maison d’édition comorienne.
Poète charismatique, son œuvre que j’ai eu la chance de lire à notre première rencontre à à son domicile de Mutsamudu, a été préfacé par le Dr. Mbaraka, et est faite d’une telle limpidité de sens et d’une beauté enrichissant, ses vers, loin du verbiage ; son hanté par les thèmes de la paix intérieur, de la liberté et pose des questions existentielles
Son recueil contenu dans une trentaine de pages, est composé de 25 poèmes nourris d’engagement en faveur du bien être de son pays, les îles de la lune. Bien que la plus part de ses poèmes sont caractérisés par la fluidité et la simplicité. Aambdou Salam Dossar laisse apparaitre un sentiment de chagrin vis-à-vis du sort réservé à son peuple, ce qui semble lui avoir inspiré dans ces poèmes d’enfance, la révolte qui a chatouillé sa jeunesse.
Dans son poème intitulé : ‘’Avant la mort’’ page 9, le poète parle de ses ‘’désirs mutilés et révolus’’ à l’origine de son engagement pour le bien être de son pays d’origine, les Comores.
‘’Donner un sens à mon existence,
‘’Me mêler à mon peuple en sédition,
‘’Contre l’arbitraire et l’injustice,
‘’Pour sortir le pays du gouffre de misère.’’…..
Dès ses débuts le génie de l’écriture de notre poète, est empreint de liberté de dénouement et de dénuements. Il se questionne sur l’incompréhension des uns et s’interroge sur l’indifférence des autres, jusqu’ à donner l’impression de devenir l’avocat du peuple, dans ce ‘’ Chant des martyrs’’ page 12 où la révolte déplore les pleurs et la souffrance du prolétariat face au désespoir et à l’impuissance en affirmant que :
‘’ Ils marchent devant moi, les souvenirs,
‘’De ces années d’enfers.’’………
Parlant de ‘’ la folie ‘’ : page 8, le poète pose la question du bonheur face au non sens du jugement déplacé, par le regard d’autrui, mais comme disait ‘’ l’autre le ridicule ne tue pas’’.
‘’ Marie, trainant toutes les âmes du soir,
‘’Pour calmer mon désir certain, c’est moi,
‘’Poète hydre d’un faible mortel qui se noie,
‘’ Dans ton sourire. Je suis !
Et la femme comorienne dans tout ça ?
Parlant de la beauté et de l’amour, Aambdou Salam Dossar, exprime son attachement à la nostalgie, d’où le titre du recueil ‘’Nostalgia’’ page 14 où un hymne à l’amour
Soulignons au passage que ce sont des poèmes de jeunesse, avant que notre poète soit happé par le voyage vers cet autre horizon.
‘’Femme au chiromani ‘’ page 13, affiche son attachement à la femme comorienne, à sa beauté qu’il magnifie et à la terre natale. Dans ce passage, on a l’impression de lire Léopold Sédar Senghor, dans femme noir.
‘’Femme comorienne aux yeux d’ange, au regard enchanteur,
‘’Au parfum de jasmin, au chiromani ;
Je pense à toi jour et nuit, à ton sourire extatique,
‘’Loin de toi je ne peux demeurer si longtemps ….’’
Ici, le poète affirme son adhésion à la tendance poétique de la méditation sentimentale vis-à-vis de la destinée humaine
Sans aucun doute ‘’Nostalgia’’ d’Aambdou Salam Dossar occupe une place de choix dans la nouvelle poésie comorienne d’expression française.
Liberté
Je te parle du silence du large,
A la place du bonheur,
Car je refuse la servitude
Pour épouser la clarté de la lune.
Je te parle du plus profond des dénuements
Dans mon pays à grands mystères
Car je refuse l’hypocrisie
Pour épousseter les malaises.
Je te parle !
Je sais que tu m’entends
Tu viendras vers moi
Pour sceller le bonheur
Et conquérir mon cœur.
Je te parle : Je sais que tu viendras,
Car j’ai droit de m’arracher aux hommes
Pour refaire mon lit défait
Et grandir dans ma solitude
Je veux de toi prêter le soleil
Car je suis né dans une ville sombre
Pour illuminer mon humeur chagrine
Vivre et mourir heureux
Je veux de toi, habiter
Dans mes songes, vaincre la honte
Quand les hommes se moqueront
De moi et de mes poèmes.
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